Par Baptiste PANNETIER - Liins Paris
Publié le 28 mai 2020
Explosion du chômage partiel, plan d'urgence historique à 110 milliards d'euros, dette cumulée en 2020 à 115 % du PIB... En France, comme partout ailleurs, le coronavirus met l'économie à rude épreuve. Si le climat économique est complexe, certaines craintes me paraissent injustifiées, notamment la crainte de voir les banques ponctionner l’épargne des Français.
Nous vivons depuis le mois de mars 2020 une situation inédite qui a obligé le gouvernement à prendre des décisions financières importantes pour maintenir l’économie du pays : fonds de solidarité, report d’échéances fiscales, plan de soutien aux indépendants, etc. Autant de mesures d’aides aux entreprises qui permettent à chacun de tenir le coup face à cette crise sans précédent.
En parallèle, les Français ont épargné 20 milliards d’euros au cours du premier trimestre 2020, soit une hausse de 14 milliards d’euros par rapport à l’année dernière ! C’est un fait, le Covid-19 a largement impacté l’épargne des Français, de manière générale.
Par le passé, il est arrivé que certains États piochent dans l'épargne des particuliers pour résorber leur dette. Aujourd’hui, le gouvernement assure ne pas prévoir de nouvelles ponctions fiscales. Cependant, les banques peuvent-elles aussi prélever, sous conditions, les dépôts de leurs clients pour se "renflouer" ?
Historiquement, des pays européens ont déjà eu recours à l’épargne de leurs habitants pour tenter de sauver l’économie de leur pays. Prenons l’exemple récent de Chypre qui, en 2013, a massivement ponctionné les comptes bancaires de ses habitants. Cette nouvelle avait provoqué une onde de choc à travers le pays. Le FMI et la zone euro avaient accordé 10 milliards d'euros à Chypre. En échange, le pays s'engageait à puiser directement dans les comptes épargnants de plus de 100 000 euros dans le but de récupérer 5,8 milliards d'euros. Pour situer, un couple chypriote titulaire d’un PEL ayant mis de côté 185 000 € pour s’acheter une maison pouvait se faire prélever 15 115 €.
En cas de faillite, les banques ont le droit, depuis 2016, de puiser dans l'épargne de leurs clients. Cette mesure a pour but de pallier les pertes liées à une crise financière, sous certaines conditions néanmoins. Pour autant, ce scénario est très peu probable. En effet, dans le cas où votre banque ne serait plus en mesure de faire face à ses engagements, un fonds de garantie couvre une partie de vos dépôts.
Lorsqu’une banque n’est plus en mesure de rembourser les dépôts de ses clients, le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR) indemnise ceux-ci jusqu’à 100 000 € en 7 jours ouvrables, dans certaines conditions et limites.
Par ailleurs, même si juridiquement, cette mesure de "ponction" est possible, piocher dans l’épargne des Français serait une décision trop risquée. User de taxes ou de prélèvements bancaires encouragerait largement les Français à vider leurs comptes en banque, ce qui ferait chuter l’économie du pays. À l’échelle mondiale, aucun des pays considérés comme développés n'a pris cette décision, il est donc peu probable que cela arrive aujourd’hui...
Alors non, l'État ne ponctionnera pas les particuliers pour rembourser la dette. Il peut en revanche actionner d'autres types de leviers : l'endettement auprès de créanciers, la répartition et coupe de budgets ainsi que l'augmentation des impôts auprès des Français.
Cumuler autant d'épargne sur les livrets bancaires n'est certainement pas la bonne stratégie à adopter (même si je peux comprendre ce réflexe sécuritaire). "Il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier" : ce proverbe aussi vieux qu'il soit reste tout aussi vrai.
En fonction de votre profil de risque notamment, différents placements, plus rémunérateurs, pourraient se révéler bien plus intéressants pour vous constituer ou optimiser votre épargne. Pour cela, nos équipes sur le terrain se tiennent à votre disposition pour échanger sur votre projet, en visioconférence notamment.